Pièce jouée par les adultes
Mise en scène de Alexandre Trijoulet
La pièce :
Pièce créée au Théâtre de la Madeleine à Parisle 14 Mars 1932.
Les comédiens :
Daniel TEISSEYRE : Tchong-Li |
Jeannine COMTE-CROUZIL : Niao, femme de Tchong-Li
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Claire GARCIA : Lao, mère de Niao, Tong-Ta le forgeron | Laurent GUIBERT : MaÏ-Maï-Jen le marchand |
Jacqueline CALVET : Houan le batteur de cuivre | Eddy ATTIA : Chouang, dormeur |
Hubert LABATUT : Ting-Tao, dormeur | |
![]() Tchong-Li : "Oh! que ta haine est peu de chose au regard de la mienne!... Quel petit sentiment ! Et quelle faiblesse dans l'expression ! ... Puisqu'en ce jour tant attendu par moi, ton coeur s'ouvre enfin et laisse échapper le venin qui, pour moi, serpente dans tes veines, puisque les choses se déclarent, permets que, sur le t on d'ordinaire employé pour les déclarations d'amour, je te fasse, ô mère de ma femme, une déclaration de haine. Depuis le jour où je te vis, inutilement fardée et vêtue de robes deux ou trois mille fois trop belles pour un corps qui n'avait plus déjà la grâce juvénile, j'ai conçu, pour ton âme, une haine farouche. J'avais choisi Niao pour sa jeunesse et son éclat réel... et le faut que j'endure à présent, par amour pour elle, l'éclat factice dont tu te pares et qui, partant, ne trompe pas. Tous les artifices que tu emploies sont vains et ridicules. Pesonne n'en est la dupe. Tes mensonges sont maladroits et dans le fol espoir où tu vis de provoquer encore l'amour auquel tu n'as plus droit, tu ne t'aperçois pas que tu éloignes à jamais de toi le respect qui t'est dû." |
![]() Tchong-Li : Je te salue. Je viens à toi, marchand, parce que ta réputation est très grande par toute la ville et je veux espérer que tu vas me tirer de l'embarras où me plonge ma mémoire incertaine. J'ai quitté, il y a quelques jours la ville que j'habite, ma maison, mes domestiques, mes chevaux, mes chiens, mes boeufs, mes coqs, mes porcs, mes paons, mes pies, mes poules et mon jardin multicolore afin de venir au marché de Canton pour y faire des achats qui me sont nécessaires. En quittant ma maison, ma femme... Maï-Maï-Jen : Comment se porte-t-elle? Tchong-Li : Elle se porte bien. La tienne? Maï-Maï-Jen : Je suis veuf. Tchong-Li : Donc, tu te portes bien. (...)" |
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Houan : Oui, nos métiers sont bruyants...
Tong-Ta : Oui, sans doute, nous t'assourdissons... Houan : C'est possible... Tong-Ta : C'est évident... Houan : C'est très certain... Tong-Ta : Mais que veux-tu... Houan : C'est comme ça! Tong-Ta : Est-ce que nous nous plaignons, nous, des parfums que tu vends pour les femmes... Houan : ... et qui parfois nous incommodent... Tong-Ta : ... et qui nous donnent la nausée... Houan : Nous ne t'en disons rien... Tong-Ta : Nous ne t'en parlons pas! Houan : Que chacun a sa guise... Tong-Ta : ... exerce le métier... Maï-Maï-Jen : ... qui lui convient le mieux, je suis de votre avis... |
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Tchong-Li : Où loge donc ce marchand de bibelots pour les femmes dont la boutique est paraît-il, si bien achalandée. (Aux deux hommes qui passent). La maison de Maï-Maï-Jen, s'il te plaît?
Houan : Entre le meilleur batteur de cuivre de la ville... Tong-Ta : Et le plus célèbre forgeron du pays. |
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