Théâtre

"Comédie de Saint-Orens"

"La Lettre chargée" de Georges COURTELINE


Pièce jouée par des adolescentes de 14 ans

Les comédiennes

    LA BRIGE : Aurélia LANNEAU

    L'EMPLOYÉ DES POSTES : Christelle BAUR

Mise en scène : Nadine LANNEAU

La pièce :

Georges Moineaux dit Courteline (1858-1925), remarquable nouvelliste, présente "du dedans" les défauts de l'administration de son temps. Le bureaucrate est tellement annihilé par le "règlement" qu'il ne peut plus concevoir d'échappées, pour savourer la bonne tiédeur du printemps parisien et ne peut plus reconnaître un ami. "La lettre chargée" est une satire du manque d'intelligence, de la nocivité et de la force redoutable de la bureaucratie, ici l'administration de la poste.

Vous trouverez une biographie de Courteline sur le site :http://www.alalettre.com/courteline-bio.htm

La pièce fait partie du recueil "Ah! Jeunesse" composé de nouvelles en prose et de pièces en un acte comme"L'ami des lois" où Courteline déclare dans la préface : "Oui, il est un beau spectacle : celui des gens de bien bafoués, las d'être dupes, qui en viennent à se déguiser en brigands pour avoir le droit de leur côté et demandent à la mauvaise foi ce qu'ils n'ont pu obtenir du seul bien-fondé de la raison". Dans "La Lettre chargée", Courteline intervient avec humour à la fin de la pièce : "gens honnêtes et simples, gens de bien, personnes estimables qui se doivent mettre à deux afin de ramener à la raison - grâce à une imposture grossière - la sottise des règlements, laquelle serait sans limites, si la bêtise des hommes chargés de les appliquer ne la dépassait de cent coudées."

Les photos : cliquez sur chacune d'elles, vous obtiendrez un agrandissement !

LA BRIGE : "Monsieur, un des mes amis qui me devait cent francs vient de me renvoyer cette somme. Il me l'a expédiée par lettre chargée, à mon nom, bien entendu, mais adressée au ministère où je suis commis principal. Le facteur chargé de me la remettre s'est présenté à mon bureau avant que j'y fusse arrivé..."

LA BRIGE : Vous l'avez dit. Elle a donc fait retour à la poste...

L'EMPLOYÉ : ...et il l'a remportée, comme c'était son devoir.

L'EMPLOYÉ :...et à cette heure, c'est moi qui l'ai.

...

L'EMPLOYÉ : Je veux bien vous donner votre lettre mais il vous faut au préalable justifier de votre identité.

.LA BRIGE : Elle est bien bonne!... Il faut que vous établisse comme quoi je suis M. La Brige, alors que vous avez été le premier à me reconnaître, pour m'avoir vu vingt fois naguère chez nos amis, les Crottemouillaud ?

L'EMPLOYÉ : Je vous ai reconnu en tant qu' homme du monde mais j'ignore qui vous êtes en tant que fonctionnaire.

L'EMPLOYÉ : Ca ne suffit pas. Avez-vous votre carte d'électeur ?

LA BRIGE : Alors, c'est bien ce que je pensais; nous passerons, le facteur et moi, la moitié de notre existence à tenter de nous rencontrer, et l'autre moitié à flétrir la fatalité exécrable qui nous isolera, moi et lui, trois fois chaque jour, à heures fixes sur des points différents du globe. Cependant, sciemment et de sang-froid, vous persistez à détenir entre vos mains une somme d'argent dont j'ai besoin et que vous savez être à moi au point de n'en pouvoir douter ? L'EMPLOYÉ : Monsieur...

LA BRIGE : Monsieur, cela est trop absurde !


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